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14-01-2014 Ce qu'il faut retenir de la conférence de presse de François Hollande

Lemonde.fr

15.01.2014 à 01h04

 

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Lors de la troisième conférence de presse de son mandat, mardi 14 janvier, François Hollande a annoncé l'ouverture de plusieurs chantiers, notamment en matière d'économie. A la première question, qui évoquait sa vie privée à l'aune des récentes révélations, le chef de l'Etat a répondu en promettant des clarifications, mais en soulignant que « les affaires privées se traitent en privé ».

Revivez la conférence de presse avec les décryptages en direct du Monde.fr

 

« Je fixe un nouvel objectif : que d'ici 2017, pour les entreprises et les travailleurs indépendants, ce soit la fin des cotisations familiales, ce qui représente 30 milliards d'euros de charges, a annoncé le chef de l'Etat. C'est la condition pour que les entreprises retrouvent de la marge – non pas pour leur faire plaisir, pour leur faire quelque cadeau. » M. Hollande a insisté sur le fait que « c'est sur l'offre qu'il faut agir ».

Lire nos explications : Comment mettre fin aux cotisations familiales ?

M. Hollande a également estimé qu'il fallait « donner de la visibilité aux entreprises. Nous fixerons un horizon – 2017 – avec une trajectoire de prélèvements obligatoires pour les entreprises. Mon objectif est aussi une diminution de taxes – qui parfois coûtent plus cher à recouvrer que ce qu'elles rapportent. Un premier axe sera posé pour 2015 ». Pour M. Hollande, qui a démenti « être gagné par le libéralisme », il s'agit du « plus grand compromis social depuis des décennies ».

Ces mesures représentent une victoire pour le patronat. En annonçant la fin des cotisations patronales qui financent les allocations familiales – 5,4 % du salaire, qui rapportent chaque année 35 milliards d'euros –, M. Hollande a accédé à l'une des principales revendications du Medef. En ajoutant que cette baisse serait financée par une baisse des dépenses publiques, M. Hollande a même suivi rigoureusement les revendications de Pierre Gattaz, l'actuel président du Medef, même si celui-ci réclame 100 milliards d'allégements de cotisations. Cette réforme devrait se traduire par une diminution importante du coût du travail d'ici 2017.

Lire nos explications : La fin des cotisations patronales pour les familles, une victoire pour le Medef

 

  • ... et des contreparties

Pour M. Hollande, ces mesures en faveur des entreprises doivent être compensées. Les contreparties « doivent être définies au niveau national et déclinées par branche ».

« Elles porteront sur des objectifs chiffrés d'embauche, de travail des jeunes ou des seniors, la formation, les salaires et la modernisation du dialogue social. Un observatoire sera mis en place et le Parlement y sera associé.

Un document formalisera les engagements et les modalités de suivi des contreparties. Le gouvernement engagera sa responsabilité devant l'Assemblée sur ce texte, une loi sera votée à l'automne. »

 

  •  Chômage : « Nous n'avons pas encore gagné la bataille »

« Nous ajouterons 50 000 emplois d'avenir sur 2014 », s'est engagé le chef de l'Etat. Il s'agit d'une mesure phare de la politique de l'emploi du gouvernement. Selon les chiffres du ministère de l'emploi, le cap des 60 000 contrats a été dépassé fin septembre, et l'objectif des 100 000 emplois d'avenir fixé pour 2013 devrait être atteint.

 

M. Hollande a noté que « depuis six mois le chômage des jeunes a reculé ». « Il y a eu une stabilisation du chômage et une tendance se dessine. Mais nous n'avons pas encore gagné la bataille pour l'emploi », a-t-il reconnu, lui qui a promis tout au long de l'année 2013 une inversion de la courbe du chômage. Il n'a d'ailleurs pas répété cette promesse, mardi.

« Est-ce que j'ai fait des erreurs ? Sans doute. Est-ce que c'était celle d'avoir annoncé ou promis l'inversion de la courbe du chômage ? Mais si je ne l'avais pas fait, beaucoup m'auraient demandé “mais qu'avez-vous comme objectif” ? »

Lire nos explications Chômage : le déni de François Hollande

 

  • Roms : le président se justifie

Sur la question des Roms, Francois Hollande a pris des accents nouveaux, ce mardi 14 janvier. Alors qu'un rapport fustige le « doublement » du nombre d'évacuations de campements illicites, le chef de l'Etat n'a pas cherché à minimiser ce chiffre : « Il n'y a pas d'autres règles que l'application de la loi », a-t-il notamment déclaré, tout en ajoutant qu'il n'avait pas « à rougir ».

Lire nos explications : Roms : Hollande justifie sa politique

 

  • Une possible réduction du nombre de régions

« Les régions se verront confier dans une nouvelle loi de décentralisation un pouvoir réglementaire local pour [leur] donner encore plus de liberté », a déclaré M. Hollande.

« Une clarification stricte des compétences sera introduite. Les collectivités seront également invitées à se rapprocher. Les régions d'abord, dont le nombre peut aussi évoluer. [Les départements] devront redéfinir leur avenir dans les grandes zones métropolitaines. »

Lire nos explications : La décentralisation, nouveau chantier de Hollande ?

 

  • Mise en place d'un conseil stratégique de la dépense publique

Le chef de l'Etat a annoncé qu'il n'y aurait pas de « transfert de charges des entreprises vers les ménages ». Les économies doivent être « un préalable à toute baisse d'impôts », a déclaré M. Hollande, ajoutant que celles-ci ne doivent pas « se traduire par un transfert de charges de l'entreprise vers les ménages, qui ne le supporteraient pas ». Il a également annoncé la « création d'un conseil stratégique de la dépense publique » qui se réunira chaque mois pour évaluer les politiques publiques.

Le gouvernement assiste à la troisième grande conférence de presse de François Hollande, dans la salle des fêtes de l'Elysée, mardi 14 janvier. | JEAN-CLAUDE COUTAUSSE / FRENCH-POLITICS POUR LE MONDE

 

  • Education : des « mesures d'une ampleur inédite »

François Hollande a promis des « mesures d'une ampleur inédite » pour rendre « plus attractifs les postes d'enseignants » en zones d'éducation prioritaire, précisant qu'un plan pour les ZEP devrait être annoncé le 15 janvier, avec une « décharge horaire » pour avoir moins de cours à assurer qu'actuellement, et donc plus de temps pour se concerter, travailler en équipe, etc.

 

  •  Fin de vie : un accord « sans polémique, sans divisions »

« Le comité consultatif d'éthique remettra ses conclusions dans les prochaines semaines, la ministre de la santé fera ses consultations dans les prochaines semaines pour qu'un accord le plus large possible puisse être trouvé, sans polémique, sans divisions », a dit le chef de l'Etat.

« Il s'agit de permettre à toute personne majeure atteinte d'une maladie incurable, provoquant une souffrance psychologique ou physique insupportable, de pouvoir demander dans des conditions strictes une assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité. »

Lire : Hollande veut « rassembler » autour du débat sur la fin de vie

Lire aussi nos explications : Fin de vie, PMA... Des dossiers très sensibles pour l'Elysée

 

  • L'axe franco-allemand

Saluant le « premier pas » que représente l'instauration d'un salaire minimum en Allemagne, M. Hollande a souligné que la France devait aussi « harmoniser les règles fiscales, notamment pour les entreprises, entre la France et l'Allemagne ».

François Hollande et Angela Merkel lors d'un sommet à Bruxelles, le 19 décembre. | AFP/LIONEL BONAVENTURE

Mais la France et l'Allemagne doivent également se « coordonner pour la transition énergétique. C'est un grand enjeu pour l'Europe mais nous devons, France et Allemagne, montrer l'exemple », a-t-il ajouté. Enfin, la France et l'Allemagne doivent œuvrer à un « couple franco-allemand qui puisse agir pour l'Europe de la défense », a indiqué le chef de l'Etat. 

Lire nos explications : La relance Paris-Berlin voulue par Hollande sera difficile à mettre en œuvre

 

  •  Interventions militaires en Afrique

Alors que la France est engagée au Mali et en Centrafrique, le chef de l'Etat a reconnu que « tout n'est pas réglé ».

« Je le réaffirme ici : nous allons continuer le travail, dans un contexte forcément différent (...). Nous n'avons pas vocation à choisir les dirigeants de la Centrafrique. La France aide mais ne se substitue pas, ce temps-là est révolu. »

Le président a écarté l'éventualité d'un renforcement des effectifs français en Centrafrique. Environ 1 600 soldats français sont déployés, aux côtés de plus de 4 000 soldats de la force africaine. Quant au Mali, les effectifs seront ramenés de 2 500 hommes actuellement à 1 600 à la mi-février, puis à 1 000 dans un futur proche.

 

  • Des djihadistes français en Syrie

François Hollande a indiqué que 700 français se trouvaient actuellement dans les rangs djihadistes en Syrie. L'annonce de ce chiffre a toutefois surpris les experts au sein de la justice antiterroriste ou dans les services de renseignement. Car les éléments actuellement retenus par les autorités font état d'environ 200 Français qui se trouveraient sur le sol syrien combattant dans des groupes islamistes radicaux.

En revanche, le flux d'individus entre la France et la Syrie, chiffre qui prend en compte les personnes qui ont manifesté l'intention de se rendre dans cette région, qui y sont et qui en sont revenus, atteint « 450 à 500 personnes », selon un haut fonctionnaire de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) interrogé par le Monde. Ce dernier chiffre est en augmentation sensible par rapport au mois de septembre 2013.



15/01/2014
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