Suisse Avenir

Accord avec la France: fin de la récréation

Le Temps

 

mardi 20 août 2013

 

Yves Petignat

 

Qu'est-ce que c'est que tout ce raffut autour de la convention sur les successions avec la France?

Qu'est-ce que c'est que tout ce raffut autour de la convention sur les successions avec la France?

Il serait temps que les élus un peu raisonnables, s'il en existe encore dans la droite romande, sifflent la fin de la récréation. Et que tous ceux qui, sans peur du ridicule, se drapent dans la fierté nationale ouvrent enfin leur cartable.

La convention contre la double imposition pose deux types de questions.

D'abord sur la valeur de l'accord lui-même. Celui-ci lèse-t-il la souveraineté nationale, comme se lamentent certains députés prêts à brandir les étendards de l'insurrection pour sortir de leur anonymat? Prive-t-il les cantons de rentrées fiscales? On ne voit pas en quoi. Sauf à admettre que le métier des Suisses est d'accueillir ceux qui fuient les lois fiscales de leur pays.

La convention, au contraire, met fin à une double exonération dont seuls profitaient ceux qui ont les moyens de jongler sur les frontières. L'autre question, sur laquelle on pouvait espérer un peu de hauteur de vue des élus nationaux, est plus stratégique.

La Suisse est dans cette situation délicate où il lui faut assurer en même temps toutes les révolutions culturelles et économiques vitales: la fin du secret bancaire, l'alignement sur les règles européennes pour l'imposition des entreprises, la collaboration internationale. Les jours sont comptés pour l'île aux exilés fiscaux.

Cela suppose qu'en négociations comme aux échecs, pour obtenir un avantage stratégique, nous soyons capables de sacrifier des pions. Celui de l'orgueil, national et stupide, égratigné, mais si peu, par une France en difficulté.

Les enjeux sont énormes. Sans règlement du passé pour nos histoires bancaires, la place suisse traînera encore durant des décennies les erreurs de quelques-uns. Les nouvelles directives européennes (MiFID II) menacent l'accès des banques suisses au grand marché financier.

Nous sommes dans un monde de rapports de force. La réalité de notre environnement, c'est une compétition féroce pour laquelle nous avons besoin d'alliés.

A nous de savoir si nous sommes prêts à ouvrir un nouveau front fiscal avec la France. Et si nous en avons les moyens.

Le parlement n'aurait-il rien retenu de son absurde entêtement, il y a dix ans, contre l'accord avec l'Allemagne sur l'aéroport de Zurich? On connaît le résultat.



20/08/2013
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