Suisse Avenir

Des douaniers français planquaient devant une banque suisse

Le Point.fr - Publié le 20/07/2013

 

Selon "La Tribune de Genève", deux douaniers français auraient espionné les clients de la banque Pictet à Genève. L'affaire fait grand bruit.

 

De notre correspondant à Genève, Ian Hamel

À la une du Point.fr

   

Deux douaniers français planquaient devant le parking de la banque Pictet, aux Acacias, un quartier de Genève, assis dans une voiture banalisée, immatriculée dans l'Hexagone. Surpris par un inspecteur de la police genevoise, les deux douaniers auraient répondu qu'ils faisaient du tourisme. Sauf que le quartier, situé près d'une zone industrielle, n'est guère emballant.

L'information, loin d'être traitée par une brève, occupe la une et la troisième page du principal quotidien de la cité de Calvin. Sous le titre "Une drôle de guerre franco-suisse", Pierre Ruetschi, le rédacteur en chef de La Tribune de Genève, rappelle qu'en arrêtant Condamin-Gerbier, le lanceur d'alerte qui promettait de révéler la liste des grands fraudeurs de la République, la Suisse serait coupable d'entraver l'enquête française. Ce qui a fait dire à un député français cette semaine que "la Suisse est en guerre contre la France". Le rédacteur en chef s'insurge contre le fait que, depuis l'affaire Cahuzac, la Confédération ferait dorénavant "office de punching-ball rassembleur" dans la bataille intestine que se livrent gauche et droite tricolore.

 

Jouer les justiciers masqués

Cette tentative d'espionnage, si elle est avérée, arrive au plus mauvais moment. La classe politique helvétique a fort mal pris que des élus français puissent prendre la défense de Pierre Condamin-Gerbier, emprisonné à Berne depuis deux semaines pour espionnage économique. Vendredi, dans le quotidien L'Agefi de Lausanne, Philippe Nantermod, député libéral-radical, estime que les députés français "sont inquiétants" et ne comprennent pas la "séparation des pouvoirs".

"Pour un motif a priori louable - la lutte contre la fraude fiscale -, ils en viennent à proposer que les employés de banque jouent les justiciers masqués. Pourquoi s'arrêter à ces bassesses fiscales ? Nous pourrions tout aussi bien armer quelques retraités pour dégommer les dealers ou fournir des radars aux riverains des autoroutes", ajoute, ironique, le député au Grand Conseil (Parlement) du canton du Valais.

 

L'espionnage, un secret de Polichinelle

Ce n'est pas la première fois que la Suisse accuse des douaniers ou des inspecteurs du fisc français de jouer les espions sur les bords du lac Léman. Christophe Fortis, porte-parole de la police genevoise, a largement confirmé à l'AFP les informations publiées dans La Tribune de Genève. À savoir, qu'un inspecteur "a bien remarqué un véhicule dans le quartier [mentionné par le journal] immatriculé en France avec deux hommes", précisant qu'il s'agissait d'un véhicule appartenant "à l'administration française".

Interrogé par La Tribune de Genève, un fonctionnaire du Département fédéral (ministère) des Finances, à Berne, parle d'un "secret de Polichinelle". Selon lui, "le service des douanes a notamment une mission fiscale. Dans ce cas précis, ils [les deux douaniers] comptaient probablement relever des numéros de plaque des voitures françaises entrant ou sortant du parking, pour trouver les noms des propriétaires et les contrôler par la suite sur le sol français". Contactée par le quotidien suisse, la Direction générale des douanes françaises a répondu qu'elle n'avait pas connaissance de cet incident, affirmant "ne pas autoriser des investigations de ce genre". La banque Pictet, créée en 1805, est l'un des plus prestigieux établissements de Genève. Elle est spécialisée dans la gestion privée et n'accueille que les fortunes significatives. En clair, la clientèle n'y vient pas pour y déposer sa paye chaque mois.

 



22/07/2013
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