Suisse Avenir

Letemps.ch

jeudi 30 janvier 2014

Par Emmanuel Garessus Zurich

Mondialisation

La Suisse est le pays qui accroît le plus son influence dans le monde, selon une étude d’Accenture. Les auteurs présentent les 26 «champions de la croissance». Richemont, Sonova, Swatch, Temenos et Tamedia en font partie pour la troisième année consécutive

En Suisse, l’emploi ne fait nullement les frais de la mondialisation ou des bas salaires des pays émergents, selon un rapport d’Accenture à paraître et dont Le Temps a pris connaissance.

En effet, l’emploi a augmenté de 21% en Suisse en cinq ans au sein des 26 «champions de la croissance». Ce nom désigne les sociétés qui ont accru leurs ventes davantage que la moyenne des 500 plus grandes entreprises suisses lors des cinq dernières années.

A l’inverse, l’emploi a diminué de 5,5% en Suisse au sein des autres grandes sociétés.

Ce sont les entreprises qui délocalisent et investissent le plus dans les marchés émergents qui augmentent l’emploi en Suisse. Thomas D. Meyer, directeur d’Accenture Suisse, explique qu’«une plus forte expansion, surtout dans les pays émergents, accroît les besoins de gestion et de contrôle des activités à l’étranger afin de garantir la poursuite de leur succès. Si la production et la vente sont délocalisées, le marché domestique suisse profite d’une demande accrue d’emplois très qualifiés dans diverses tâches administratives, par exemple l’achat, la gestion de la chaîne d’approvisionnement, le développement et les services centraux.»

Les entreprises les plus dynamiques n’augmentent donc pas leurs ventes en Suisse mais sur les marchés de croissance. La part des ventes en Suisse a stagné depuis 2008 au sein des champions de la croissance (5,7% des revenus), alors qu’elle a bondi de 12,4 à 17,1% dans la région Asie-Pacifique. Les autres groupes suisses ont au contraire accru de 21,2 à 22,8% leurs ventes en Suisse et de 4,6 à 7,1% en Asie-Pacifique.

Les leaders suisses investissent davantage que leurs concurrents allemands et autrichiens dans l’externalisation des fonctions support et des processus métier (BPO). Il en résulte des gains d’efficience, une rationalisation des activités et une plus grande agilité stratégique, poursuit Accenture. Le groupe Gartner prévoit d’ailleurs une croissance annuelle future de 7 à 8% des services informatiques en Suisse, contre 4 à 5% en Allemagne et 3% en Autriche.

Sous un autre aspect, la Suisse profite fortement de la globalisation. «C’est le pays qui a le plus gagné en influence dans l’économie mondiale, par rapport au PIB», selon Accenture. En effet, les groupes suisses ont acquis des sociétés étrangères pour 88,2 milliards de francs. L’équivalent de 3,44% du PIB. A l’inverse, les groupes étrangers ont investi 61,1 milliards de francs dans des entreprises suisses. Le solde est positif de 27,1 milliards. Actuellement, la Suisse investit 10% de son excédent de la balance courante dans des acquisitions à l’étranger.

La probabilité est forte d’assister à la poursuite de cette expansion des grands groupes à l’étranger. Or la capacité à augmenter son contrôle sur les marchés étrangers est cruciale, aux yeux de Thomas D. Meyer. Les conditions cadres doivent tout de même rester favorables. Une Suisse ouverte et la libre circulation de la main-d’œuvre appartiennent aux conditions à remplir, selon l’économiste.

Le classement des plus dynamiques a subi de profondes modifications d’une année à l’autre. Seules cinq sociétés sont parvenues à se maintenir dans le groupe de tête durant trois années consécutives, à savoir Richemont, Sonova, Swatch, Temenos et Tamedia (qui détient 46,2% du Temps).

Le Top 26 est complété par: ABB, AEW Energie, Belimo, Dätwyler, Ems-Chemie, Endress +  Hauser, Ferrexpo, Flughafen Zürich, Inficon, Lem Holding, MCH Group, Mobilezone, Novartis, PSP, SGS, Sonova, Sulzer, Swissquote, Swiss Prime Site, Syngenta, Temenos, U-blox, Wasserwerke Zug.